Revue de presse


Pourquoi la loi qui a allongé le délai légal pour avorter est difficilement appliquée.


Un refuge contre les violences

Publié par Denis Lherm dans SUD OUEST, le  29/10/2022

 

 

Un nouveau centre d’urgence ouvert à Bordeaux permet aux femmes victimes de violences de se mettre à l’abri et de bénéficier d’un accompagnement complet, depuis le soutien psychologique jusqu’à l’aide au dépôt de plainte.

 

C ’est un établissement discret dont nous nous sommes engagés à taire l’adresse, qui est appelé à prendre une place importante en matière de violences faites aux femmes. La préfète de région Fabienne Buccio a visité jeudi 27 octobre le premier centre d’accueil d’urgence dédié aux femmes victimes de violences en Nouvelle-Aquitaine. Installé dans un immeuble du centre de Bordeaux, doté de 48 places, il s’inscrit dans le dispositif des 1 000 places supplémentaires d’hébergement d’urgence décidé par l’État en 2021. Ouvert depuis jeudi 28 juin, il a déjà accueilli 72 femmes, dont un nombre conséquent accompagnées d’enfants.

 

 Via le 115

Créé par le CAIO (Centre d’accueil, d’information et d’orientation), l’établissement propose des chambres individuelles avec salles de bains et sanitaires, ainsi que des locaux partagés : salon, cuisine, buanderie. Les femmes y sont envoyées par la police, la gendarmerie ou les travailleurs sociaux via un appel au service d’urgence du 115. Elles peuvent aussi s’y rendre de leur propre initiative après un appel au 115. Sur place, elles sont accueillies par des travailleurs sociaux, présents toute la journée. La nuit, un agent de surveillance prend le relais. L’accès par digicode (dont le numéro change fréquemment) est strictement réservé au personnel et aux pensionnaires.

 

35 dépôts de plainte

Les femmes peuvent rester deux mois maximum (durée moyenne constatée : 26 jours). Durant cette période, un accompagnement est mis en place, qui va du soutien matériel à l’aide psychologique, mais aussi à l’accompagnement juridique. 35 femmes ont été accompagnées pour un dépôt de plainte, 13 pour une main courante, deux ont bénéficié du dispositif « téléphone grave danger ». Selon Élise Magnan, directrice adjointe du pôle hébergement du CAIO, « c’est un centre de mise à l’abri où les femmes trouvent toute la chaîne de l’accompagnement, qui gère l’urgence et permet de préparer l’après. Même les femmes qui décident de retourner chez elle, avec le conjoint, savent qu’elles peuvent revenir ici en cas de besoin. Deux l’ont fait ».

 La préfète Buccio souligne de son côté l’apport d’un lieu dédié : « Jusqu’à présent, on mettait les femmes à l’abri dans des chambres d’hôtel, sans la même qualité de suivi. Ici, elles se sentent en sécurité, elles sont accompagnées, c’est très important. » À l’hôtel ou dans des foyers inadaptés à leur cas, ajoute Sandra Lapeyrade, directrice régionale aux droits des femmes : « Il y avait un déficit d’hébergement dans la région, qui est en train d’être comblé. On avait des hébergements peu qualitatifs, dans des hôtels ou des foyers où les femmes se retrouvaient mélangées avec des SDF. Avoir un lieu d’accueil dédié est très important pour elles. On ne doit pas juste héberger mais aussi accompagner. Le nombre de violences conjugales explose, il y a de plus en plus de plaintes et de femmes en demande d’un hébergement. »


 

Le congé menstruel, bonne idée ou mesure contre-productive ?

 

Publié le 26/05/2022 par Sud-Ouest

L’Espagne pourrait devenir le premier pays d’Europe à instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. En France, 68 % des femmes y sont favorables

Le gouvernement espagnol va soumettre une proposition de loi à son Parlement pour instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Si en France une partie des femmes se disent favorables à cette mesure, d’autres pointent les risques de discrimination qu’elle pourrait induire.

Alors que le gouvernement espagnol a présenté ce mardi un projet de loi visant à instaurer un « congé menstruel », plusieurs pays à travers le monde accordent déjà ce droit à leurs salariées

 

« La veille de mes règles, ou les deux premiers jours, il m’arrive d’avoir tellement mal que me lever du lit est une véritable torture », confie Angélique, qui souhaite taire son nom de famille, 28 ans, salariée dans le secteur social. « Je pars parfois plus tôt (du bureau), quand je sens que je ne vais pas pouvoir supporter la douleur. En plus, mes règles sont super abondantes, je dois aller aux toilettes toutes les heures, sinon j’ai le jean taché ».

Plus fatiguée, moins productive en raison de ses douleurs « qui irradient parfois jusque dans (ses) jambes ou (son) dos », elle se dit favorable à la mise en place du congé menstruel, afin de s’assurer de ne « pas perdre de salaire ».

La start-up française Ziwig pourrait révolutionner le diagnostic de l’endométriose avec le lancement d’un test salivaire. Une innovation décisive pour les patientes : la maladie est particulièrement difficile à déceler

 

« Une fausse bonne idée »

68 % des Françaises seraient favorables à la création d’un congé menstruel, et même 78 % chez les 15-19 ans, selon une étude de l’institut de sondage Ifop, réalisée en mars 2021 auprès de 1 009 femmes âgées de 15 à 49 ans.

Toutefois, pour l’association française Osez le féminisme, ce congé est une « fausse bonne idée ». « Cela peut soulager les personnes qui subissent des douleurs indisposantes, et + visibiliser + l’endométriose, qui était jusqu’à récemment cachée », assure Fabienne El-Khoury, chercheuse en santé publique et porte-parole de l’association.

Mais « par cette unique solution, on dit aux femmes « ok, rentrez, souffrez chez vous »», estime-t-elle. « On ne fait pas l’effort nécessaire pour soigner les maladies sous-jacentes qui causent ces douleurs », et le diagnostic de l’endométriose est souvent tardif, faute de « moyens alloués à la recherche ».

Maladie gynécologique encore trop souvent diagnostiquée sur le tard – le délai moyen du diagnostic est de 7 ans – l’endométriose se traduit par la migration de cellules de l’endomètre en dehors de l’utérus. D’autres organes comme les intestins peuvent être atteints. Au quotidien, cette pathologie génère des douleurs dont la localisation* et l’intensité varient selon les femmes, l’évolution de l’endométriose et les flux hormonaux.

 

Problème d’égalité femmes-hommes

Pour l’instant, une poignée d’entreprises (la coopérative La Collective à Montpellier (sud) ou la start-up Louis Design près de Toulouse (sud-ouest)) ont mis en place le congé menstruel en France, via des accords d’entreprise ou des décisions unilatérales, même en l’absence de loi. Le dispositif est déjà instauré dans plusieurs pays du monde, comme au Japon où ce congé est inscrit dans la loi depuis 1947.

Pour Caroline Mouriquand, avocate en droit du travail chez Bird & Bird, « l’initiative est louable, mais elle peut desservir les femmes en créant une discrimination à l’embauche ». « Si on suivait le modèle espagnol, on leur offrirait 50 % de congés payés supplémentaires » à raison de trois jours par mois, observe Me Mouriquand, une situation qui peut créer, selon elle, des « tensions et une frustration en augmentant la charge de travail des collègues ».

Cela « peut poser des problèmes en matière d’égalité femmes-hommes », avec des salariés non concernés qui pourraient se sentir « lésés », renchérit Jean-Marc Morel, expert Ressources humaines associé chez RSM.

« Et qui paie ? » s’interroge M. Morel. « Les mesures spéciales d’arrêt maladie en raison du Covid-19 par exemple étaient mises en place par l’État, donc payées par la Sécu » (Sécurité sociale française). Or dans le cas d’un accord d’entreprise, le congé menstruel payé à la salariée et son remplacement sur le poste sont à la charge de l’employeur, en l’absence de loi.

 

Mesure « contre-productive »

La mesure est « contre-productive », pour Me Caroline Mouriquand : « une femme souffrant de règles douloureuses ou d’endométriose est généralement suivie, et peut donc déjà bénéficier d’un arrêt maladie » sur lequel les raisons de son absence ne sont pas indiquées, « ce qui permet de protéger le secret médical », bien qu’un délai de carence s’applique dans le cas d’arrêt maladie. « L’employeur n’a pas à savoir que l’arrêt est lié à la condition de femme de la salariée », ajoute-t-elle, afin d’éviter toute stigmatisation « émanant de collègues ou des services de ressources humaines ».

Fabienne El-Khoury, elle aussi inquiète pour le secret médical des salariées, imagine l’annonce anticipée de la grossesse d’une salariée : « Si d’un coup, elle ne prend plus son congé menstruel car elle est enceinte, elle serait contrainte de l’annoncer » contre son gré.

 


À l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la Maison des Femmes a marché dans les rues de Villeneuve-sur-Lot. Sud-Ouest  - 26/11/2019


Reprendre le contrôle de sa vie avec la Maison des Femmes - La Dépêche - 16/10/2019


Une boîte à outils contre les violences sexistes - 47 Infos - semaine 18 n°120


Sophie Borderie, présidente du Conseil départemental, en visite à la Maison des Femmes - La Dépêche - 27 juin 2019

Dernièrement, Sophie Borderie, présidente du conseil départemental ; Patrick Cassany, maire de Villeneuve et vice-président du conseil départemental ; Catherine Joffroy, vice-présidente en charge de la culture, du sport, de la jeunesse et de la vie associative, et Marie-Françoise Béghin, première adjointe au maire de Villeneuve, en charge de l'action sociale et de la jeunesse, ont rencontré les responsables de la Maison des femmes. La présidente Colette Valat, aux côtés d'Odile Chautard, une des fondatrices historiques de la structure, a expliqué le fonctionnement de la Maison des femmes et l'accompagnement des femmes victimes de violences. «Les femmes trouvent ici un accueil, une écoute, un accompagnement. Nous les aidons à formuler leurs demandes et leurs besoins. Nous avons ici une psychologue référente violences. Nous avons ouvert une antenne à la maire de Montayral il y a deux ans, ouverte un lundi sur deux le matin», explique Colette Valat. Les femmes peuvent amener leur linge à laver, se doucher, se préparer un repas, passer la journée dans la structure. L'objectif est qu'elles acquièrent une forme d'autonomie».

L'an dernier, la Maison des femmes a accueilli 482 femmes différentes et réalisé 1 100 entretiens. «80 % des 482 femmes que nous avons accueillies sont victimes de violences. 280 sont victimes de violences conjugales, les autres sont victimes de violences familiales. Elles ont besoin d'écoute par rapport au couple, par rapport aux enfants», précise Colette Valat, qui a détaillé ensuite les nombreux ateliers proposés par la structure ainsi que les interventions dans les établissements scolaires afin de sensibiliser les jeunes.


Présentation de la boîte à outils contre la violence sexiste - Sud-Ouest - 23/04/19